Des nouvelles du front...
(texte que j'ai rédigé d'après le témoignagne d'un copain présent sur les lieux).
Mercredi soir 17h45, centre de tri de Nancy. Une manif pacifique visant à occupée les lieux (en parfait accord avec les salariés de la poste) est prévue à 18h00 pour une occupation d'une heure.
Environ 300 étudiants, précaires, responsables LDH, syndicalistes sont présents. Un peu plus bas, 3 cars et 2 camionnettes de CRS attendent.
L'ambiance est bonne enfant, les 9 dixième des gens sont plus intimidés qu'autres choses. Une voiture de la poste sort et force gentillement le barrage humain, un mec inconnu le genre "autonome" sort un couteau est crève un pneu... L'info est immédiatement relayée par les RG aux CRS. "Les manifestants ont détériorés un véhicule". Ultimatum du RG "si vous dégagez pas dans 5 mn on intervient".
Tout le monde reste, aussitôt une rangée de CRS (boucliers-matraque) se forme, derrière une 2ème rangée (lacrymo). Un type avec un mégaphone donne un ultimatum que personne n'entend car le mégaphone n'est pas branché... Les salariés du centre de tri sont agglutinés aux fenêtres, et la direction du vent est avec nous. Les gaz seraient refoulés vers les CRS et les badaux à leur niveau. On décide de bouger en manif vers une rue latérale. Les CRS nous poursuivent sans utiliser de lacrymo. Course poursuite. La BAC arrêtera 5, 6 gars isolés. Aucune dégradation hors le pneu de la voiture de la poste.
On se tient un peu à l'écart et voyons des camionnettes de flics un peu partout. Ils semblent vouloir nous encercler. Quelques enseignants, éducateurs, militants LDH, responsables FSU et un jeune conseiller régional PS accompagnent le mouvement. Stationnement au niveau d'un carrefour. 2 voitures forcent le passage. Coups de pieds dans la carrosserie. Le type du couteau est le plus violent. 4 autres gars relous ne sont connus par personne et poussent à des actions "spontanées".
Un militant de l'UNEF propose que l'on se dirige vers la Fac de lettre pour faire le bilan. Les flics qui nous encadrent sont presque aussi nombreux et eux sont armés. L'autre type le traite de réformard. On se dirige finalement vers la fac de lettres.
Devant, les "autonomes" font monter la sauce. Nous traitent de mauviettes. On met la pression sur un des types en lui faisant comprendre que l'on sait qu'il est flic. Il nie, mais préfère s'en aller au bout d'un quart d'heure. Les autres entrent à la fac avec nous. On observe, ils voient qu'on les observe. Ils ont des discours ahurissant sur le capitalisme, la propriété privée, parlent fort pour qu'on les entende, semblent se questionner.
On se retrouve en amphi pour une AG. Un type vient faire une intervention, 2 gars qui sortaient de la fac se sont fait embarquer. Ruée dehors. On se fait vraiment manipuler. Les militants (toutes tendances confondues) sont en pétard. Et 2 de nos joyeux "flics infiltrés" sont devant les étudiants révoltés. Finalement tout le monde revient à l'AG.
Vers 21 heures 3 flics-autonomes s'en vont. Le type au couteau lui reste. Il se change. Est méconnaissable. On se demande que faire.
Le premier point à l'ordre du jour de l'AG, c'est les questions d'infiltration. On informe toute l'AG de nos soupçons sans tomber dans la parano. On ne suit les consignes que des personnes connues dans le mouvement. Accord général de l'AG.
Vers 22 heures, on décide enfin d'aller sortir le type au couteau en pleine discussion avec un facho notoire de la fac de droit que l'on a lui-même sorti de l'AG. Ils dissertent sur l'anarchie seul modèle viable. Le flic nous dit être précaire, personne ne le connaît car il préfère s'ouvrir l'esprit en voyageant. Ils n'opposent pas de réelle résistance et ils quittent la fac accompagnés par quelques uns d'entre nous.
Il nous semble que comme le pouvoir est devant une impasse politique, il va infiltrer tous les milieux (On n'a observé cela que depuis le début de la semaine à Nancy) pour provoquer de la casse. Il est à peu près évident que ce soir, ils souhaitaient nous provoquer pour qu'une réaction violente de notre part entraîne le déblocage de la FAC par les CRS.
C'est un peu brute de décofrage, mais c'est fait exprès, je voulais qu'on ait l'impression d'un témoignage à chaud comme si on parlait.
Moi je trouve ça édifiant des flics sur les campus universitaires et dans les écoles en général, d'autant que ces mecs veulent décrédibiliser le mouvement en provoquant des actes violents. Il sont vraiment pourris...