J'ai écris ce texte, et le donner pour une prochaine gazette, dites moi si à votre avis on peut le mettre. Moi je pense qu'il à sa place mais bon... C'est la démocratie qui l'emportera.
J’aimerais en guise de piqûre d’appel ou de rappel pour certains, qu’on se souvienne d’un fameux mois de Mai. Je parlerais bien de 1968 mais ce n’est pas celui-ci qui me vient à l’esprit. Je pense plutôt à 2002.
Je me souviens, il faisait beau, presque chaud, on sentait l’été arrivé, le bronzage cycliste commençait à se dessiner. C’était une belle journée, j’étais plein d’espoir, j’avais voté, j’étais fier, on m’avait demandé de m’exprimer et je l’avais fait. En même temps, je suis toujours un peu frustré on ressortant du bureau de vote parce que j’aimerais pouvoir voter plusieurs fois. Je prends chaque vote très à cœur, et il m’est très important de donner mon avis, je pense d’ailleurs que ne pas remplir son devoir de citoyen est un acte anti-démocratique.
Bref, ce dimanche de Mai, vers 18h45 coup de fil d’un ami qui me dit qu’il ne se sent pas bien, qu’il a peur du résultat, etc. Je le rassure en lui disant que c’est dans 2 semaines que tout se joue et que ce soir on aura notre duel bien entendu et forcément logique.
19h00 le flash de France Inter annonce une « surprise ».
19h30 La pression monte mais sans être vraiment inquiet je me prépare à manger. Il fait encore bon dehors, et j’entends les bruits de la vie quotidienne de mes voisins.
20H Qu’est ce qui se passe ? Chirac d’accord ça on le savait mais Jospin ou est-il ? C’est pas possible, c’est forcément une erreur, je zappe sur une autre chaîne, toujours pas de Jospin… Je re-zappe… toujours pas !! J’entends un cri par la fenêtre, c’est ma voisine, d’habitude je l’entends chanter mais ce soir là, son cri m’a arraché des larmes de douleur et de peur. Non c’est pas possible, c’est pas vrai, le Front au deuxième tour d’une élection présidentielle en France !! Le fascisme qui hier frappait à la porte, vient aujourd’hui de rentrer tranquillement, légalement, démocratiquement. J’ai peur, je pleure et mon téléphone sonne sans arrêt depuis 5 minutes. Je suis littéralement scotché, abasourdi par cette éprouvante nouvelle. En fait, je ne comprends pas… en discutant avec des proches ou des étudiants on n’avait pas prévu ça. Toutes nos analyses politiques, tous nos théorèmes, tous nos plans, tout ceci vient de tomber d’un coup, réduit à néant, explosé, pas penser, pas croyable, pas acceptable, on s’est trompé ! Au téléphone avec mon ami, après les larmes c’est la colère qui nous envahit. Le Front est là, tout près, à l’affût comme un prédateur choisissant sa proie. Il reste à couvert, discret, les oreilles baissées, les yeux perçants, toutes griffes sorties, il est prêt, il va passer à l’attaque...
« J’ai peur mon cher ami, qu’est ce qu’on va faire ? Pourquoi ? Comment ? Ma voisine pleure, oui… moi aussi, je crois que je ne vais pas mangé… pense à la république, on est plus fort qu’eux mon ami ! On gagnera, NO PASARAN ! NO PASARAN ! »
20h45 Ma voisine ne fait plus de bruit, elle vient d’entendre mon cri, elle frappe à la porte : « Il y a un rassemblement spontané contre le Front place Stan, tu veux pas y aller ? Si j’arrive ». Je suis donc sorti et j’ai manifesté ma colère et ma rage avec d’autres citoyens. J’étais apaisé en rentrant de voir ce sursaut républicain et anti- fasciste créer en quelques heures. J’étais apaisé mais pas rassuré. Alors ne jouons pas avec le feu la prochaine fois, sinon il se pourrait bien qu’on se brûle.