Pignon sur rue
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Pampinet
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Pampinet


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MessageSujet: Intéressant à lire...   Intéressant à lire... EmptyJeu 17 Mar - 19:32

Le cyclosportif Eric Pesquer a accompagné une sortie d'entraînement des Crédit Agricole. Il nous raconte son aventure.

Sept semaines après avoir accompagné une sortie d'entraînement des Bouygues Telecom à Opio (Alpes-Maritimes), notre cyclosportif Eric Pesquer s'est joint aux dix Crédit Agricole réunis en stage aux Issambres (Var) du 8 au 15 mars. Il nous raconte son aventure dans la roue de Christophe Moreau et de ses coéquipiers.

"Jeudi 10 mars, 6h15 du matin. Je me lève avec une petite appréhension. Vais-je tenir le coup, serai-je à la hauteur ? Pour être tout à fait honnête, quand j'ai téléphoné hier à Jean-Jacques Henry et qu'il m'a dit que les gars faisaient 200 kilomètres le lendemain, 180 vendredi, 100 samedi et 140 dimanche, j'ai pensé un instant éviter la sortie du jeudi pour celle du samedi ou du dimanche, mais je ne suis libre que demain, alors j'ai pensé à tous les lecteurs de Vélo 101, passionnés comme moi, qui voudraient être à ma place. Je ne pouvais pas refuser une pareille occasion. Et puis j'ai déjà deux cyclos dans les jambes, ça devrait passer et Jean-Jacques Henry m'a fait une très bonne impression, le genre d'homme qui sait vous mettre à l'aise.

Quand j'arrive à l'hôtel des Crédit Agricole, il est presque 8h30. Je croise Christophe Moreau qui vient de finir son petit-déjeuner et qui monte dans sa chambre se préparer. La journée commence bien. Je prends un café et je m'installe à une table de coureurs tout en me présentant. J'avais demandé en effet à Jean-Jacques Henry de prendre le café avec les coureurs pour qu'ils aient le temps d'assimiler mon intrusion dans leur vie de coureur professionnel. Sébastien Joly est en face de moi. Comme tous ses camarades, il prend un grand café noir avec des céréales et du pain. Plus tard, j'apprendrai que beaucoup ont presque complètement banni les laitages de leur alimentation à cause des problèmes digestifs. Première leçon de la journée pour moi qui en suis un gros consommateur.

Jean-Jacques Henry arrive. Après les présentations, je le suis pour préparer les bidons de façon à parler un peu avec lui. C'est un moment que j'attendais, car j'ai beaucoup admiré ce coureur qui est passé pro très tard comme Pascal Hervé, et qui a vu sa carrière stoppée par un grave accident. C'est lui qui s'occupe des sorties et de tout ce qui s'y rapporte : bidons avec de l'eau et du sirop, carton de divers produits diététiques, parcours... Il me dit que chaque coureur doit boire au moins un bidon par heure ce qui fait pour aujourd'hui et les dix coureurs présents 60 bidons environ à préparer, rien à voir avec la logistique d'un cyclosportif.

10 heure arrive et nous voilà parti pour six heures de selle. Avant le départ, je suis allé saluer Christophe Moreau et nous avons brièvement parlé du temps où il était encore amateur au club de Lyon Vaux-en-Velin. Le briefing avant la sortie m'a permis de me faire une idée du parcours qui nous attend : une sortie style Tour du Haut-Var. Il est prévu également que les coureurs fassent de l'intensité et je sais très bien ce que cela veut dire : ça va aller très vite ! Ma première surprise vient de l'allure générale du groupe. Je pensais retrouver l'allure que j'avais connu avec les Bouygues Telecom en janvier dernier, mais en mars les pros ont déjà accumulé les kilomètres et sans s'en rendre compte ils vont vraiment plus vite.

L'allure est typique d'une sortie pro...

Je me retrouve à coté du jeune Américain de l'équipe, Saul Raisin. Tout de suite en lui parlant, je ne peux m'empêcher de penser à Greg LeMond. Même décontraction, même simplicité, un jeune Américain bien dans ses baskets. Il habite Menton, adore la France, les petits villages et la nourriture. Nous discutons un bon moment car l'homme est sympathique. D'ailleurs, il me dit qu'à l'entraînement il accepte volontiers de discuter. Malheureusement, souvent, des cyclos en mal de notoriété ne pensent qu'à le flinguer. A juste titre cela l'énerve. Je comprends que cette année il aimerait briller au Tour de Géorgie, chez lui.

Nous entamons la première montée, longue de 10 kilomètres, entre Grimaud et la Garde-Freinet. L'allure est typique d'une sortie pro. Au début, vous trouvez que ce n'est pas si terrible que ça, et puis petit à petit la vitesse augmente et vous vous trouvez très vite à la limite de la rupture. Aussi, quand je vois le sommet arriver, je suis content d'avoir réussi ce premier test. En général, dans les cyclosportives, je n'ai pas trop de soucis dans les descentes, mais tout au long de la sortie, j'ai dû faire un effort pour ne pas me faire lâcher. Je suis dans un autre monde. Me voilà en tête du groupe à prendre un relais avec Sébastien Portal. Je ne suis pas peu fier d'être devant. Seulement, les relais durent plusieurs kilomètres et pour eux, un faux-plat montant n'est pas une raison pour ralentir.

Sébastien, le jeune frère de Nicolas Portal (Ag2r Prévoyance), m'encourage en me voyant changer de couleur. Voilà bien un coureur avec qui l'on ne doit pas s'ennuyer, un gars du sud-ouest, bon vivant. J'ai l'impression de parler à un copain. Il me parle de lui, me pose des questions. L'année dernière, il était Elite 2 à Chateauroux. Il a fait une grosse saison et est passé pro. Pour lui, le monde des pros est comme une autre planète. Toutes les conditions sont réunies pour faciliter la vie des coureurs : matériel, logistique, transferts, tout est fait pour se concentrer uniquement sur le métier. Il ne reste plus qu'à obtenir des résultats. Comme nous parlons de cyclosport, il me dit ne pas apprécier les ex-pro et les élites qui font ce genre d'épreuves pour la gagner. D'ailleurs, dans l'équipe, tout le monde est d'accord pour trouver ce comportement regrettable. Ils vous le disent avant même que vous ne posiez la question.

Après Salernes, je redescends sur terre, car Jean-Jacques Henry demande aux gars de faire la montée de Toutour en intensité. La montée est pourtant raide mais cela ne les empêche pas de partir au sprint et de me laisser planté là. Comme je suis respectueux de leur travail et que je ne veux pas les retarder, je m'accroche à la voiture qui, très vite, reprend les derniers du groupe qui a, entre temps, explosé. C'est Damien Nazon, il fait de gros efforts pour retrouver des bonnes sensations après son accident de l'année dernière. Je regarde mon compteur, il grimpe entre 27 et 30 km/h. Je n'essaie même pas de penser à la vitesse des premiers. En haut, le groupe se reforme et je reprends ma place au sein de ce mini peloton.

Christophe Moreau met son 53 et démarre en force.

Quand soudain, après quelques kilomètres, Eric Leblacher, tout nouveau papa d'une petite Lola, casse la patte de cadre de son dérailleur arrière. Le groupe stoppe, on regarde en vitesse mais impossible de réparer sur place et comme il n'y a pas de vélo de rechange et que les autres ne doivent pas s'arrêter trop longtemps, la décision est prise de le faire monter dans la voiture pour le reste de la sortie. Rassurez-vous, Eric n'est pas du tout démoralisé. Qu'il fasse 29 900 kilomètres dans la saison ou 30 000 ne change pas grand chose. Cela n'empêche pas les plaisanteries de fuser et chacun propose son vélo à Eric pour pouvoir monter dans la voiture à sa place.

Eric Leblacher restera en mémoire de tous les concurrents de la cyclosportive Paris-Londres en octobre 2004. Rarement un coureur professionnel n'aura fait preuve d'autant de disponibilité et de gentillesse que lui. Il ira même jusqu'à s'excuser d'avoir gagné l'épreuve, un comble quand on sait que le leader de cette épreuve a perdu sur chute. Après avoir été sélectionné en équipe de France l'année dernière pour les Championnats du Monde il a pris de l'ampleur et prépare activement le Giro cette année. En direction de Bargemon, je prends le temps de parler avec le Breton Cédric Hervé. Impossible de ne pas aimer se retrouver en sa compagnie tellement il fait preuve de simplicité et de naturel.

Je ne peux m'empêcher de le comparer à certains régionaux de la région qui se montrent inaccessibles et qui n'ont pas le dixième des qualités physiques de Cédric. Je suis là pour témoigner de la générosité des relais pris par ce coureur, et j'imagine qu'il doit être tout simplement indispensable à une équipe. Le grand objectif de sa saison reste pour lui une participation à un grand tour, il estime maintenant avoir la maturité nécessaire pour y participer. Peu avant Callas, je vois au loin une bonne montée se dessiner. J'en suis encore à penser comment la gérer quand Christophe Moreau met son 53 et démarre en force.

Je ne suis pas le seul impressionné car ses coéquipiers hésitent un instant à le suivre. Il faut dire qu'il faut l'avoir vu de près pour imaginer la puissance de Christophe. A ses cotés, on comprend ce que le mot champion veut dire. Ses camarades ne réussiront pas à le rejoindre, et pourtant ils auront essayé, mais lui les gardera en respect à 50 mètres derrière. Actuellement en préparation, je n'ose imaginer ce qui se serait passé s'il avait été à 100 %. Pour me remettre de mes émotions, je discute avec un jeune Tourangeau, Cyril Lemoine, un jeune homme motivé comme un Cadet. Il estime avec le Crédit Agricole Espoirs, dont il vient, ne pas avoir vraiment été coureur pro. Pour lui, sa carrière commence vraiment cette année.

Si j'ai encore de bonnes sensations, je ne sais pas encore ce qui m'attend.

On sent chez Cyril Lemoine une volonté farouche de réussir. Il m'explique son parcours cycliste depuis ses débuts et une chose me fait rire. En sortant des rangs Juniors, il est passé à 19 ans de la catégorie Régional à Elite 2 sans gagner, juste au cumul des places. Je vous laisse imaginer les qualités de ce garçon, qui comme beaucoup de jeunes pro ne connaît pas très bien le programme de courses de sa saison. Cela dépend de la forme des coureurs, des places disponibles dans l'équipe. Il semble qu'il va faire partie de l'équipe qui va disputer les Coupes de France. Le terrain est un peu plus plat, mais le vent s'est levé. Aussi, je reste un peu derrière à discuter avec le Norvégien Mads Kaggestad, qui habite près de son coéquipier Thor Hushovd à Céret.

C'est un ancien skieur de fond qui faisait du vélo pour se maintenir en condition, et comme il a eu des résultats, il a continué dans ce sport. Il fait partie comme Cédric Hervé des éléments importants de l'équipe, des hommes sur qui on peut compter. Malheureusement, il a pris froid en Belgique la semaine dernière et il n'est pas au mieux. Déjà 170 kilomètres dans les jambes quand nous arrivons à Roquebrune-sur-Argens. Si j'ai encore de bonnes sensations, je ne sais pas encore ce qui m'attend. Il nous reste à gravir le col de Valdingarde. Vous aurez beaucoup de mal à le situer sur une carte, car en fait c'est une route forestière qui n'en finit pas de monter.

Et si le paysage est magnifique le jour ne se prête vraiment pas au tourisme. J'ai décidé de donner tout ce qui me restait comme forces disponibles dans cette montée. Le rythme est celui d'un groupe de tête dans une cyclosportive, mais pour eux c'est juste normal. Malgré tout, Kilian Patour, malade depuis le début de la sortie (il a pris froid en Belgique) saute. De mon coté, j'arrive à tenir encore mais pas pour très longtemps car un peu avant la mi-pente, comme d'habitude, le groupe accélère, lentement mais régulièrement. Aussi, au lieu de me mettre dans le rouge pour tenir un kilomètre de plus, je préfère ralentir et attendre Kilian. Il me rejoint et me sert de guide dans cette route défoncée. Nous sommes presque en haut. Lui va mieux. Il a l'habitude de gérer ce genre d'effort, moi je dois lutter pour rester avec lui car il fini sur le gros plateau.

Après une descente périlleuse nous descendons sur Sainte-Maxime. Jean-Jacques Henry se met devant nous et Kilian, en pro expérimenté, me dit de faire comme lui. De m'avancer à presque toucher le pare-choc arrière, à deux ou trois centimètres près. Bien sûr, les pros ont l'habitude de ce genre de choses. Ils peuvent coller ainsi une voiture et monter facilement à plus de 80 km/h, ce qui n'est pas mon cas et par manque d'expérience je prends un peu de vent. Nous sommes presque arrivés et je discute avec mon compagnon, un type extraordinaire, qui vous dit exactement ce qu'il pense, sans chercher à arrondir les angles. Il possède une maturité sans rapport avec son âge. La journée est terminée, je salue Jean-Jacques Henry, le remercie de son accueil et m'en vais plein de souvenirs dans la tête. J'ai fait 195 kilomètres avec eux et pars sans avoir salué les coureurs. Pourquoi, me direz-vous ? Tout simplement parce qu'ils sont repartis faire les 5 kilomètres qui leur manquaient. C'est ça, la vraie vie d'un coureur pro."
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